Colonel Canham

Charles Draper William Canham n’est encore que colonel le 6 juin 1944. Ce futur officier général est sorti du rang. Il s’est en effet engagé dans l’armée à dix-huit ans, en 1919. Il devient sous-officier, puis, en 1921, est admis à West Point dont il sortira en 1926. C’est en Asie qu’il servira avant le second conflit mondial : on le trouve ainsi aux Philippines et à Shangaï, où il est en poste au début de 1932 au moment des incidents sino-japonais. Il obtient ses galons de colonel en 1942, et on lui confie le commandement du 116e Régiment d’Infanterie juste avant que ce dernier ne parte pour l’Angleterre.

colonel canhamC’est à la tête de ce régiment, fer de lance de la 1ère Division d’infanterie (“The Big Red One”) qu’il débarque à Omaha, son unité ayant été choisie pour mener l’assaut de la première vague. Nous avons évoqué déjà (voir l’article consacré à Omaha beach) le véritable massacre qui décime les assaillants dès leurs premiers pas sur la plage, ou même avant, illustré au cinéma par “Le jour le plus long”et surtout “Il faut sauver le soldat Ryan”. A peine a-t-il débarqué que Canham lui-même est blessé au poignet. Cela ne l’empêche pas de demeurer à son poste pour galvaniser le moral de ses hommes, secouant aussi par des mots bien sentis des subalternes trop timorés à ses yeux, insouciant dans tous les cas du feu adverse. Un homme de son état-major ira même jusqu’à dire : “C’était l’enfer, mais j’ai avancé. J’avais plus peur du colonel Canham que des Allemands !”

Il fait véritablement partie des quelques individus qui, ce matin là, ont retourné une situation pourtant diablement mal engagée. Ce comportement, ainsi que son action dans la prise de Saint-Lô, lui ont valu d’obtenir la  “Distinguished Service Cross”. Promu Général peu de temps après, il devient adjoint au commandant de la 8e Division d’Infanterie, à laquelle il fournira (involontairement) sa devise : au terme de la bataille pour la prise de Brest, dans le cadre de l’opération Cobra, Canham se présente au Général Ramcke, lequel lui demande de lui présenter ses lettres de créance fixant les conditions de reddition. Désignant les soldats qui l’accompagnent, crottés et épuisés par des semaines de combat, Canham répond : “These are my credentials”, que l’on peut traduire par “ce sont eux mes lettres de créance”. Ces propos sont vite relayés par le New-York Times qui en fait l’un des plus beaux hommages jamais rendu par un chef à ce qui fait après tout l’essentiel de la force d’une armée : la qualité de ses (simples) soldats.

Et donc, la 8e DI en fera sa devise. Elle se passera bientôt de son chef, qui, après la guerre, bardé de décorations, prend successivement le commandement de la 82e “Airborne”, de la 3e DI, et enfin du 3e corps d’armée. Il quitte le service actif en 1960 (après 41 ans de service donc !) et décède trois ans plus tard, à seulement 62 ans. Il est enterré au cimetière d’Arlington.

Sa page Wikipédia d’où vient d’ailleurs la photographie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*